Journaliste au pôle politique, je chronique le second quinquennat d'Emmanuel Macron.
Déclaration d’intérêts
Par souci de transparence vis-à-vis de ses lecteurs, les journalistes de Mediapart remplissent et rendent publique depuis 2018 une déclaration d’intérêts sur le modèle de celle remplie par les parlementaires et les hauts-fonctionnaires auprès de la Haute autorité de la transparence et de la vie publique (HATVP), instance créée en 2014 après les révélations de Mediapart sur l’affaire Cahuzac.
Décidé à garder le pouvoir malgré l’absence de majorité, Emmanuel Macron a pioché dans son premier cercle pour remplacer François Bayrou. En nommant le ministre des armées sortant, il choisit de propulser une figure appréciée par Marine Le Pen pour mieux assurer sa survie politique.
À la veille de la chute attendue du premier ministre, le camp présidentiel a l’esprit rivé sur le lendemain : qui pourra retenter l’expérience d’un gouvernement minoritaire et durer quelques mois de plus ? Le destin du leader centriste ne serait qu’un dommage collatéral de l’air du temps.
À cinq jours de la chute annoncée du gouvernement, la pression monte pour que soient convoquées des élections anticipées. Une option balayée – pour l’instant – par Emmanuel Macron, persuadé qu’une troisième tentative de coalition peut emporter l’adhésion du Parti socialiste.
La France a annoncé vendredi suspendre l’accueil de personnes en provenance de Gaza, à la suite de la polémique sur les posts de l’étudiante, désormais visée par une enquête pour apologie du terrorisme. L’exécutif a lancé une enquête administrative sur ses propres services, sur fond de vives tensions entre ministères.
La France a salué la décision britannique de se joindre à elle fin septembre pour reconnaître la Palestine. Le bilan de la conférence des Nations unies n’en reste pas moins mitigé : la perspective d’un État palestinien est de nouveau sur la table mais à un horizon lointain.
Du gouvernement aux oppositions, tout le personnel politique français a critiqué l’accord scellé entre Ursula von der Leyen et Donald Trump. Pour l’exécutif, le « deal » est plus gênant : il révèle l’extinction de voix de la France à l’échelle européenne.
Désireux de se distinguer de la droite LR, le chef de file du parti présidentiel tente de s’afficher à la pointe du combat écologique. Une stratégie entravée par deux boulets : son soutien à la loi Duplomb et son bilan de premier ministre.
Le président a annoncé que la France reconnaîtra l’État de Palestine en septembre. Après avoir longtemps attendu des soutiens occidentaux et arabes, le chef de l’État a décidé d’avancer seul. Une annonce dont la portée dépendra notamment de la capacité de Paris à résister aux pressions israéliennes.
Mardi soir sur LCI, la ministre de la culture a passé trente minutes à critiquer son renvoi devant le tribunal correctionnel. Soupçonnée de corruption et de trafic d’influence, l’élue LR a mêlé complotisme, mise en cause des juges et distorsion des faits.
Les critiques, nombreuses, n’ont rien changé à la conviction du premier ministre : à ses yeux, son plan d’économies est d’une ampleur historique. Reste à trouver une majorité, ce qui n’est pas une mince affaire au regard de la casse sociale annoncée. Les grandes manœuvres commencent.
L’exécutif n’a pas encore décidé s’il se prononcerait, mardi 15 juillet à Bruxelles, en faveur d’une suspension de l’accord qui lie l’Union européenne à Israël. Faute d’une unanimité illusoire, des voix poussent déjà la France à agir seule et à sanctionner le gouvernement Nétanyahou.
Les signes de perte d’influence diplomatique de la France se multiplient, de l’Algérie à l’Ukraine, de Gaza au Congo. Un effacement contesté par l’exécutif, qui reconnaît du bout des lèvres que la diplomatie à la sauce Trump rebat les cartes internationales. Mais c’est aussi le style Macron qui est en cause.