Jean-Luc Schaffhauser, l’eurodéputé qui a négocié le prêt russe au RN, dispose d’une fondation qui a touché des centaines de milliers d’euros en échange d’interventions en faveur de Moscou au Parlement européen, selon des mails dont Mediapart a pu prendre connaissance. Sollicitée, Marine Le Pen ne nous a pas répondu sur le sujet.
Auditionné jeudi par les députés membres de la commission d’enquête sur les ingérences étrangères, l’intermédiaire du prêt russe du Rassemblement national, Jean-Luc Schaffhauser, a multiplié digressions et thèses douteuses.
Selon nos informations, la justice se penche sur les conditions d'obtention du prêt de 8 millions d’euros qui a sauvé le Rassemblement national après les élections de 2017. Un signalement de Tracfin a été joint à l’enquête en cours sur les commissions touchées par l’intermédiaire des prêts du RN, l’ex-eurodéputé Jean-Luc Schaffhauser.
Près d'un tiers des eurodéputés touchent des rémunérations pour des activités extérieures à leur mandat, d'après un rapport publié mardi 10 juillet par Transparency International. La tendance est en forte hausse depuis les élections européennes de 2014, et les soupçons de conflit d'intérêts se renforcent. Nombre d'élus français, de Rachida Dati à Renaud Muselier, sont aux avant-postes.
Le groupe du FN au Parlement européen a commandé, à la demande de l’eurodéputé Jean-Luc Schaffhauser, une « enquête » sur Mediapart, réglée avec les fonds publics alloués au groupe. Derrière ce rapport complotiste émaillé de fake news, on trouve le cabinet de conseil de l’essayiste Alexandre del Valle.
Moins de trois mois après sa nomination, le président de la fondation européenne du FN démissionne. Dans une note interne, que Mediapart s’est procurée, Jean-Luc Schaffhauser dénonce une gestion financière verrouillée par un consultant proche de Marine Le Pen, dont il juge la rémunération « excessive ». Il l’accuse de lui avoir refusé l’accès aux comptes.
La cour d’arbitrage de Moscou a tenu une audience, le 1er août, sur le sort du prêt de 9,4 millions d'euros accordé par la First Czech-Russian Bank (FCRB) au Front national en 2014. En mars 2016, juste avant la faillite de la FCRB, cette créance avait été frauduleusement récupérée par une société de location de voitures. On apprend qu'elle se trouve désormais entre les mains d'une société aéronautique dirigée par d'anciens militaires proches des services secrets de l'armée.
Selon nos informations, le FN a reçu l'intégralité du prêt russe de 9 millions d'euros. De nombreuses zones d'ombre subsistent. Une commission d'enquête parlementaire sur ces financements pourrait débuter à l'automne. L'hypothèse d'une demande de financement d'un montant global de 40 millions d'euros avait été évoquée par des dirigeants du FN.
Marine Le Pen balaie la question d'éventuelles contreparties politiques aux prêts russes du FN en affirmant que l'engagement pro-russe de son parti est ancien. Depuis deux ans, elle a pourtant mis en place un véritable lobbying: multiplication des voyages et rencontres, nombreuses déclarations défendant les intérêts russes, postes et investitures confiés à des pro-russes.
Les éclaircissements apportés par l'eurodéputé élu sur les listes FN n'ont pas convaincu la présidence du parlement européen, qui a sollicité l'avis du président d'un comité consultatif interne. Mais ce dernier s'apprête à valider sa déclaration d'intérêts financiers.
Après avoir expliqué avoir été « contrainte » de se tourner vers la Russie, Marine Le Pen a dévoilé lundi cinq réponses de banques. Mais le FN se refuse à rendre publics ses contrats de prêts en Russie. Pour obtenir ces financements, le parti d'extrême droite a mobilisé une galaxie d'intermédiaires et d'oligarques. Enquête sur les principaux acteurs de cette opération.
Le président du parlement européen veut un examen de la déclaration d'intérêts financiers de Jean-Luc Schaffhauser, l'eurodéputé qui a permis l'obtention d'un prêt de neuf millions d'euros en Russie pour le FN. L'affaire provoque des remous à Bruxelles.
Député à la Douma, proche du Kremlin et membre du parti pro-Poutine, Alexandre Babakov fait de troubles affaires en Ukraine et en Tchéquie. Il a accumulé une fortune à l'étranger – dont un château de 11 millions d'euros dans les Yvelines –, qu'il s'est gardé de déclarer en Russie.