Des vérifications téléphoniques prouvent que l’intermédiaire Alexandre Djouhri, proche de Claude Guéant, a bien organisé l’exfiltration de Paris vers le Niger du dirigeant libyen Bachir Saleh, sous le coup d’un mandat et d'une notice rouge d’Interpol, en 2012. Le tout en présence de l’ancien patron des services secrets intérieurs, Bernard Squarcini.
Alors que l’ancien ministre de l’intérieur assure avoir obtenu, en 2008, 500 000 euros de la vente de deux tableaux d’un maître néerlandais, les investigations révèlent que le banquier soupçonné d’avoir effectué le virement en sa faveur, Wahib Nacer, était l’un des gestionnaires des comptes de Bachir Saleh, le patron du puissant fonds d’investissement libyen en Afrique.
La confirmation judiciaire des soupçons de financement de l’ancien président de la République française Nicolas Sarkozy par la dictature libyenne du défunt Mouammar Kadhafi est une nouvelle d’importance. Révélée par Mediapart il y a trois jours, elle est pourtant absente des fils d’agence et de toutes les chaînes d’information en continu. Afin de secouer cette injustifiable indifférence, nous publions l’intégralité du document ignoré par la plupart des médias.
Les juges chargés d’enquêter sur le document publié par Mediapart concernant les financements libyens de Sarkozy en 2007 ont désigné un collège d’experts en écritures. Rendue le 6 novembre, la conclusion des trois graphologues est formelle : la signature figurant sur le document est « de la main de Moussa Koussa », l’ancien chef des services secrets du régime libyen.
En mai 2011, Pierre Marziali, un ancien militaire français reconverti dans le privé, est tué à Benghazi par des hommes cagoulés. Son associé et ami Robert Dulas raconte dans un livre, Mort pour la Françafrique (Stock), l’histoire de leurs contacts avec le régime libyen. À la tête de la société militaire privée Secopex, les deux hommes avaient recueilli en mars 2011 les aveux du premier ministre de Kadhafi sur l’argent remis aux Français sous la présidence Sarkozy.
Dès son premier voyage officiel en Libye en octobre 2005, Nicolas Sarkozy a demandé un appui financier à Mouammar Kadhafi lors d’une rencontre en tête-à-tête, selon Ziad Takieddine, présent sur place ce jour-là. Peu après, Brice Hortefeux rencontrait secrètement Abdallah Senoussi, acteur clé de la corruption franco-libyenne, lors d’un déplacement à Tripoli. L’enquête des juges permet de reconstituer petit à petit la mise en place d’un financement occulte en 2007.
Un rapport de synthèse de la gendarmerie accrédite l’authenticité du document officiel libyen, révélé par Mediapart, sur le financement occulte de Nicolas Sarkozy en 2007. Entendu au Qatar par les juges, l’ancien chef des services secrets du régime Kadhafi, Moussa Koussa, a de son côté affirmé que le contenu du document « n’(étai)t pas faux ».
L''ex-chef d'État s'en prend vivement à la justice et au pouvoir socialiste. Il crie à une « instrumentalisation politique » de la justice et vise l'une des deux juges en charge de l'affaire Azibert-Hezog, espérant faire oublier les graves soupçons qui le concernent personnellement.
De nouvelles écoutes judiciaires montrent que Nicolas Sarkozy s'est inquiété l'été dernier du peu de coopération de l'actuel patron de la DCRI dans l'affaire Kadhafi pour l’informer des développements des enquêtes en cours. Les juges sont par contre parvenus à identifier une possible “taupe” de l'équipe Sarkozy, Tristan H., travaillant sur les questions libyennes dans les services secrets. Ils s'interrogent aussi sur le rôle d'un cadre dirigeant d'EADS.
Les révélations de Mediapart mettent à mal la stratégie de défense mise en place par les proches de l’ancien président de la République depuis dix jours. Après être largement montés au créneau, les ténors de la droite se murent désormais dans le silence.
Une réforme d'envergure de la justice n'y suffira pas. Ce que révèle le nouveau scandale Sarkozy est la construction d’un État profond où l’ex-chef de l’État dispose de relais dans tous les secteurs de la haute fonction publique. Reconstruire un État impartial : c’est une révolution institutionnelle que le pouvoir doit engager.
Mediapart révèle la teneur de sept écoutes judiciaires. L’ancien président a mis en place un cabinet noir pour neutraliser les juges qui enquêtent sur lui. Le magistrat Gilbert Azibert est bien intervenu auprès de trois conseillers de la Cour de cassation. L’avocat de Nicolas Sarkozy est informé par une taupe dans l’appareil d’État.
L’ex-ambassadeur de France en Libye François Gouyette, aujourd’hui en poste à Tunis, a été entendu fin janvier par les juges. Le diplomate a déclaré qu’un de ses contacts libyens lui avait confirmé, en 2011, « qu’il y avait eu effectivement un financement de la campagne présidentielle de M. Sarkozy ».
Mediapart rend public le contenu d’écoutes téléphoniques de Brice Hortefeux dans l’affaire des financements libyens. Le patron de la police judiciaire parisienne y explique à l’ancien ministre comment se « préparer » à une audition par les juges, en lui signalant des questions qui lui seraient posées et en lui soufflant les documents qu’il devra apporter pour assurer ses arrières.
Jamais sous la Ve République un système présidentiel n'aura été cerné de si près par des juges anticorruption. Conseillers, collaborateurs, ministres, amis, magistrats, grands flics, hommes d’affaires… et désormais avocat. Toute la garde rapprochée de Nicolas Sarkozy a eu affaire à la justice et à la police ces deux dernières années. Inventaire.