Au deuxième jour de ses réquisitions, le Parquet national financier s’est attardé sur la preuve « déterminante » que représentent les carnets de Choukri Ghanem. Mais aussi sur les deux exfiltrations de Bachir Saleh et les espèces de la campagne présidentielle de 2007.
Au premier jour de ses réquisitions, le Parquet national financier a déjà réclamé la condamnation de Nicolas Sarkozy et de ses complices présumés dans l’affaire des financements libyens. Pour le PNF, Claude Guéant et Brice Hortefeux ont été « mandatés par Nicolas Sarkozy pour négocier et mettre en œuvre son pacte de corruption avec Abdallah Senoussi ».
Les deux avocates de la Libye d’aujourd’hui ont estimé que l’ancien président et ses complices présumés devaient être reconnus coupables de corruption et association de malfaiteurs, et réclament 10 millions d’euros de dommages et intérêts.
Les avocates et avocats d’associations anticorruptions et des familles de victimes de l’attentat contre le DC-10 d’UTA ont plaidé lundi, au procès des financements libyens, devant la chaise vide de Nicolas Sarkozy, qui n’a pas daigné venir les écouter.
Alors que le procès des financements libyens entre, lundi 24 mars, dans sa dernière phase, Mediapart fait le point sur les enseignements de deux mois et demi de débats intenses, qui ont révélé de nombreuses failles dans la défense de Nicolas Sarkozy et de ses coprévenus.
Entendus par le tribunal, Édouard Ullmo, ancien directeur commercial Afrique d’Airbus, et Noël Forgeard, ancien PDG du groupe aéronautique, ont contesté avoir rétribué Alexandre Djouhri dans le dossier des avions vendus à la Libye.
Le tribunal de Paris s’intéresse aux commissions occultes perçues par l’intermédiaire en marge de la vente d’avions de ligne au régime Kadhafi. Et aux pressions présumées de Claude Guéant sur le groupe aéronautique pour que son ami en touche encore plus.
Après le virement de 500 000 euros, la montre Patek Philippe à 11 300 euros offerte par Alexandre Djouhri, Claude Guéant, ancien secrétaire général de l’Élysée, s’est ensablé une nouvelle fois au procès des financements libyens. Et son « ami » intermédiaire aussi.
Alexandre Djouhri a nié ses démarches pour effacer l’ardoise fiscale du Libyen Bachir Saleh. Mais l’utilisation des comptes des richissimes cousins saoudiens pour blanchir l’argent de l’intermédiaire a été démontrée lors de l’audition d’un ancien banquier suisse.
L’agent de corruption présumé a été interrogé, lundi 3 mars, sur son implication dans un système financier opaque lié à la vente d’une villa dans le sud de la France à un fonds souverain dirigé par le bras droit de Kadhafi. Il a tout nié, malgré les documents accumulés.
Le tribunal a interrogé Claude Guéant sur la vente fictive de tableaux flamands qui lui a permis de s’acheter un appartement en 2008. Une vente orchestrée par Alexandre Djouhri. La demande d’expertise d’un enregistrement clandestin par les avocats de Nicolas Sarkozy a été rejetée.
Le tribunal dira ce jeudi s’il fait droit à la demande d’expertise d’un supposé enregistrement entre Sarkozy et Kadhafi qui, même authentifié, « n’apporte strictement rien au fond dossier », selon le PNF. Claude Guéant a quant à lui eu la plus grande peine à justifier l’arrivée de 500 000 euros sur son compte en 2008.
Par l’intermédiaire d’une source anonyme, l’avocat de l’ancien président affirme détenir un enregistrement audio clandestin d’une rencontre Sarkozy-Kadhafi en 2007, mais sans lien avec l’affaire. Claude Guéant a quant à lui eu du mal à s’expliquer sur un coffre-fort ouvert pendant la campagne présidentielle.
Diffusée pendant le procès, une archive vidéo d’un déplacement de Nicolas Sarkozy en Libye en juillet 2007 est venue mettre à mal la version de l’ancien président français sur ses rapports avec le directeur de cabinet de Kadhafi, également poursuivi.
Du cash non déclaré a bien circulé pendant la campagne présidentielle de 2007. Son trésorier a expliqué à la barre du procès des financements libyens que l’argent liquide provenait de dons envoyés anonymement par la poste ou déposés furtivement au siège de campagne.
Des écrits posthumes qui contredisent son argument de défense principal depuis le début du procès. Des écoutes téléphoniques qui prouvent ses manœuvres pendant l’enquête. Nicolas Sarkozy a été sous le feu des questions, lundi, au tribunal de Paris.