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L’esprit critique « expositions » : baroque, banlieues et boules à facettes

Notre podcast culturel est consacré à « Artemisia », au musée Jacquemart-André, à « Banlieues chéries », que propose la Cité de l’immigration, et à « Disco. I’m coming out », à la Philharmonie de Paris.

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Une peintre baroque et caravagesque qui s’est fait un nom et un prénom dans le monde très masculin de l’art du premier XVIIe siècle, un panorama artistique, politique et historique des banlieues de France et une plongée joyeuse dans un genre musical qui fait danser jeunes et moins jeunes.

On évoque aujourd’hui dans « L’esprit critique » « Artemisia. Héroïne de l’art », qui se tient jusqu’en août au musée Jacquemart-André, « Banlieues chéries », que propose la Cité de l’immigration du musée de la Porte-Dorée, et enfin « Disco. I’m coming out », que l’on peut voir à la Philharmonie de Paris.

« Artemisia. Héroïne de l’art »

« Artemisia. Héroïne de l’art » est le titre de l’exposition qui a ouvert au musée Jacquemart-André à Paris, le 19 mars, et qui demeure visible jusqu’au début du mois d’août. Une exposition dédiée à Artemisia Gentileschi, figure importante de l’art dit baroque, née en 1593 à Rome et morte en 1653 à Naples, après avoir également vécu à Florence et à Venise.

Formée dans l’atelier de son père, Orazio Gentileschi, Artemisia est devenue une des rares femmes peintres du XVIIe siècle à se faire un nom dans l’histoire de l’art et à cumuler les commandes auprès de puissants mécènes installés dans différentes cours royales ou princières d’Italie et au-delà.

Violée par le peintre Agostino Tassi, un ami et collaborateur de son père, elle lui a intenté avec son père un procès, qui a permis la condamnation du violeur et contribué à ériger Artemisia en pionnière d’une lutte féministe dont la rage se retrouverait dans certains de ses tableaux, notamment ses figures de femmes comme Judith ou Cléopâtre.

Le commissariat de cette exposition est assuré par Patrizia Cavazzini, historienne de l’art, Maria Cristina Terzaghi, professeure d’histoire de l’art à l’université de Rome, et Pierre Curie, conservateur du musée Jacquemart-André.

« Banlieues chéries »

La Cité de l’immigration, sise dans le palais de la Porte-Dorée à Paris, propose une exposition intitulée « Banlieues chéries », visible depuis le début du mois d’avril et jusqu’à la mi-août. Sur plus de 900 mètres carrés, elle rassemble plus de 200 pièces – photos de famille, archives, textes, mais surtout tableaux, photographies, dessins ou musiques – pour rendre compte de la diversité à travers le temps et l’espace de ces espaces mouvants dont l’étymologie nous rappelle qu’ils étaient définis par le fait qu’ils se situaient à proximité et sous la domination de la ville-centre.

On y trouve aussi bien un tableau de Claude Monet, les photos prises par Monique Hervo dans le bidonville de Nanterre, des œuvres marquantes comme les photos de Mathieu Pernot sur les destructions de grands ensembles, la spectaculaire installation du tandem franco-luxembourgeois Feipel & Bechameil intitulée Un monde parfait, maquette XXL reproduisant une barre d’immeuble, ou encore la photo intitulée République du plasticien Mohamed Bourouissa, issue de sa série Périphérie, prise à Clichy-sous-Bois peu après les émeutes de 2005, mais aussi des travaux d’artistes beaucoup plus jeunes.

L’exposition procède en trois temps pour rendre compte de ces lieux, vies et imaginaires hétérogènes. La première partie, baptisée « Banlieues douces-amères », repart du passé pour montrer la diversité que recouvre le terme de banlieue. La seconde, intitulée « Banlieues engagées », s’attarde sur les luttes et mouvements sociaux qui se sont inscrits en ces lieux. La dernière, nommée « Banlieues centrales », donne aux artistes et acteurs culturels des banlieues la possibilité de se réapproprier leurs récits et de représenter leurs lieux de vie.

Le commissariat de cette exposition est collectif et entièrement féminin puisqu’il est signé Susana Gállego Cuesta, l’artiste Aléteïa, aussi connue sous le nom d’Émilie Garnaud, et Horya Makhlouf.

« Disco. I’m coming out »

On se devait de terminer cette année de « L’esprit critique » arts plastiques en musique, et on se rend donc à la Philharmonie de Paris pour la réjouissante exposition intitulée « Disco. I’m coming out » qui est visible jusqu’au milieu du mois d’août prochain.

Dans la lignée de ses grandes expositions consacrées à des genres musicaux – hip-hop, électro, reggae –, l’institution sise à la Villette a ouvert en février ses espaces au genre du disco, né aux États-Unis au début des années 1970 et rapidement devenu un phénomène planétaire. 

À rebours de certains clichés, cette exposition montre que cette musique hédoniste est loin de la superficialité ou du caractère commercial auxquels elle est souvent réduite. Non seulement elle trouve son origine dans la lutte, mais elle a eu la volonté de faire de la fête elle-même un espace de luttes, avec une dimension minoritaire, progressiste et transgressive qui préfigure la culture queer actuelle, dont elle est une des matrices.

Parfois récupérée, parfois régénérée, la musique disco, qui connaît son apogée aux États-Unis dans les années 1970, marquées par « la fièvre du samedi soir », connaît un phénomène de mondialisation à partir des années 1980, au moment même où elle décline dans le pays qui l’a vu naître.

Au cours des dernières décennies, elle ne cesse de faire son retour, inspirant aussi bien des stars mondiales de la pop comme Madonna, Dua Lipa, la génération électro, de Daft Punk à Breakbot, et même la chanson française, de Juliette Armanet à Clara Luciani, prétendant – c’est une question que l’on se posera – pouvoir réunir toutes les classes sociales.

C’est Jean-Yves Leloup qui a assuré le commissariat de cette exposition, en collaboration avec Marion Challier et Patrick Thévenin.

Avec :

  • Guslagie Malanda, actrice et curatrice d’exposition indépendante ;
  • Margot Nguyen, travailleuse de l’art indépendante ;
  • Rose Vidal, qui écrit sur la l’art et la littérature, notamment dans AOC.

 « L’esprit critique » est enregistré par les équipes de Gong et réalisé par Karen Beun.