En Ouganda, où l’homosexualité est un crime depuis l’ère coloniale, une loi promulguée en 2023 introduit la peine de mort pour les « actes aggravés » et prévoit jusqu’à 20 ans de prison pour la promotion de l’homosexualité. Dans ce contexte de répression, la communauté LGBTQI+ du pays se cache et s’exile. Le festival Nyege Nyege est l’un de leurs derniers refuges.
Shilah, 25 ans, est une femme transgenre et travailleuse du sexe. Elle vit dans un refuge en banlieue de Kampala, la capitale de l’Ouganda. « Je ne peux pas aller dans l’espace public à cause de qui je suis. Je ne peux pas me déplacer dehors en plein jour de manière sécurisée. La journée, je reste enfermée ici, et ce n’est que le soir, dans la pénombre, que je peux sortir. »
Dans le refuge de Shilah, tout le monde se serre les coudes. La plupart des résident·es ont perdu leur emploi en raison de leur orientation sexuelle. Shilah était auparavant éducatrice auprès des usagers et usagères d’opioïdes, mais après la promulgation de la loi qui réprime l’homosexualité, les violences contre elle et sa partenaire se sont intensifiées dans leur quartier.
Pour survivre, elle se tourne vers le travail du sexe et se réfugie dans un centre LGBTQI+ clandestin. « Je n’ai rien contre le fait d’être travailleuse du sexe, explique-t-elle, mais la violence que je subis dans la rue, même de la part de la police, est un fardeau très difficile à porter au quotidien. »